L’AGRUME
texte
VALÉRIE MREJEN
mise en scène
MÉLISSA BARBAUD

© Julien Poulain
Vu au Musée des Beaux Arts de Rennes dans le cadre du festival du TNB - 22 novembre 2023
“Moi : Je peux venir ? | Lui : Non.“
Mélissa Barbaud choisit une installation performée qui déploie opportunément la dialectique du récit. La muséalité du geste - donné ici au festival du TNB dans deux salles du Musée des Beaux Arts - approche sa blancheur matérialiste, sa fossilisation résolue de l’absent. Tandis que la déambulation ainsi que l’adresse aléatoire et anti-psychologique de Marie-Bénédicte Cazeneuve (tantôt frontale, tantôt intérieure, tantôt brute, tantôt prolongée par des artifices suggestifs - comme un inventif plafonnier de néons pluvieux) théâtralisent la puissance vibratoire de cette parole. Parole qui confère toujours aux choses muettes une intensité, une insistance et une persistance (comme disait Roubaud) qui rembobinent la désillusion.
Le texte comme le geste possèdent ainsi l’allure d’une « mélodie d’attente », temporalité à la fois tragique et irrésolue que les deux temps du spectacle - performance puis libre parcours individuel dans l’installation - viennent bien traduire. En effet, le temps final de la visite est d’abord un moment de densification : nous accédons grâce à lui à l’archéologie dramaturgique du spectacle et nous faisons rebondir le texte de Mréjen avec les archéologies du présent de Sophie Calle, de Francis Ponge ou encore de Jeanne Dielman. Ouverture opportune pour contrer la radicale banalité (qui frise disons-le l’anecdotisme), le velours poudreux du texte de Mréjen. Mais la visite est aussi un temps littéral de prolongation : nous y flânons comme pour éterniser nous aussi cette histoire d’amour toute pourrie. Et nous lui rêvons des issues.
Pierre Lesquelen, 5 décembre 2023.
Distribution
Texte Valérie Mréjen
Adaptation et mise en scène Mélissa Barbaud
Adaptation et jeu Marie-Bénédicte Cazeneuve
Régie audiovisuelle Julien Poulain