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Dans un futur plus ou moins proche


conception 


Martin Mendiharat






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Vu à Anis Gras, le lieu de l’autre le 17 octobre 2025


                                    



“La fin du monde est une impasse



Après la fin du monde, un groupe de survivant·e·s retrouve des documents témoignant de l'existence d'une organisation parlementaire d'une société humaine lointaine. Ils font différentes tentatives pour renouer avec cette pratique, tout en restant perplexes.

Plongé dans différents environnements post-apocalyptiques, un groupe de personnes errantes se constitue pour former ce qu’elles imaginent être un parlement. Suivant la notice retrouvée dans les cendres d’une civilisation passée ayant œuvré à son propre anéantissement, elles s’essayent à l’exercice parlementaire et butent sur différents écueils d’organisation et/ou de reconstitution drôlatiques et incongrus. Elles cherchent leur forme de mise en discussion pour la vie commune. Leurs tâtonnements provoquent des dissolutions formelles de leurs modalités d’échanges plutôt qu’un désir de renouvellement de la tentative : elles forment alors un parlement nomade qui finit par trouver sa forme élémentaire et mobile, le tour de parole. En renouant ainsi avec le degré zéro du parlementarisme -  s’assembler pour prendre des décisions qui concernent tout le monde - le groupe acte d'un désir curieux pour l'expérimentation parlementaire.

Pour ces êtres en errance en milieu hostile, l’organisation en commun apparaît comme un exercice qu’on ne perd pas grand chose à essayer. S’assembler pour vivre-ensemble leur paraît vite une évidence, et le tour de parole, une modalité d’agir qui leur convient et qui n’est perturbée par aucune disconvenance passionnelle. Revenir à l’expression directe du groupe en direction du groupe pour la perpétuation du groupe comme à une nécessité de survie,  le message est beau et fédérateur mais poussé insuffisamment loin. Le choix de l’univers dystopique produit indéniablement de belles images théâtrales mais conduit dans une impasse dramaturgique pour traiter plus précisément du passionnant sujet parlementaire.

Le principe post-apocalyptique engage le propos dans un contexte hors-crise, hors-conflit, hors classe : le conflit est derrière, il a déjà eu lieu. La fin du monde a tout éradiqué, il ne reste que des survivant·e·s de condition égale et porteureuses d’aucun antagonisme historique ou social. L’unité de temps et de lieu dystopique provoque le saut hors du dissensus et c’est dommageable au sujet. Ce principe d'évasion dramaturgique laisse planer un rêve abstrait et fragile de tranquillité, d’apaisement et d’union qui donne néanmoins une saveur intéressante à cette première proposition théâtrale que le metteur-en-scène qualifie d’ailleurs lui-même de poème visuel.




Anne-Laure Thumerel,  2 décembre 2025. 


Création, interprétation Emmanuel Danon, Antoine Forconi, Hortense Liogier, Emilie Pria

Écriture, mise en scène  Martin Mendiharat

Dramaturgie, collaboration artistique Alice Martin

Création son, composition, régie son Ryo Baldet

Création et régie lumière Gabrielle Maire

Costumes  Anaelle Fourel

Contribution à l’écriture plateau  Lucas Bouissou, Nassim Faranpour, Ambre Matton

Collaboration scénographique  Collectif LEM

Production, diffusion Zoé Siemen


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