CE MAL DU PAYS SANS EXIL

mise en scène


JULES BISSON






© Jules Bisson

Vu au Théâtre 13 dans le cadre du festival Fragments (maquette) - 20 octobre 2022


                                    

“Avoir vu le loup“



Dans le cadre du Festival Fragments, Jules Bisson, qui a notamment suivi le cursus “Jouer et mettre en scène” du CNSAD, propose avec son ami comédien Yohann Hicham Boutahar un parcours dans Ce mal du pays sans exil, dont le titre emprunté à Baptiste Morizot annonce que la couleur sera verte et locale, mais n’annonce pas qu’elle sera aussi joyeusement délirante.

Tout est encore en friches - il reste quatre semaines de résidence artistique avant la création- mais déjà allumé d’une fantaisie assez communicative pour nous secouer les branches (et bientôt les puces du loup, qui ne tardera pas à s’éveiller). Après un canular méta très crédible entre le metteur en scène et son acteur, on chemine avec Yohann Hicham Boutahar - seul acteur en scène-  sur les routes du “ré-ensauvagement” tel qu’il est prôné par Baptiste Morizot. L'enfoncement dans la forêt montagneuse, sur la piste du loup de la vallée de la Roya, permet de croiser quelques-uns de ces allumés qui n’ont de sauvage que les dehors loufoques, tout anthropocentrés qu’ils demeurent  malgré leur volonté de communion avec la nature. C’est à partir de là que la théorie entre en friction avec sa mise en pratique, dans une saveur toute particulière qui s’agrémente d’un côté “farces et attrapes” aussi fantaisiste que sanguinolent. Juste le temps de remarquer l’air de rien, entre deux rires, que l’on bascule peu à peu vers la métamorphose lycanthropique - il faut avoir lu la première, celle d’Ovide.

Le curseur mériterait peut-être d’être poussé un peu plus loin face au défi que représente le jaillissement du non-humain sur scène. Mais c’est que l’on sent que tout bouge dans l’écosystème tissé au plateau et qui entame -quoiqu’encore fragilement- sa contamination matérielle vers le public. Outre des têtes de veau persillées et du sang, de quoi donner le goût de ce pays en mal d’exil. Et de quoi saliver sur les ramifications ébauchées entre ces vieux couples que sont le rapport scène/salle et humain/non-humain, pour qu’advienne peut-être, à la croisée des chemins, la rencontre théâtrale ensauvagée qui s’annonce.

Emma Delon, 9 novemnbre 2022





Distribution

Conception collective

Mise en scène Jules Bisson

Écriture Hicham Boutahar

Jeu Hicham Boutahar

Musique Thibaut Beaulieu

Dramaturgie Anne-Laure Thumerel

Scénographie Léonard Bougault

Assistante mise en scène et dramaturgie Léa Arson



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